Actu ORC

Retour sur le 3e Rendez-vous de l’ORC, à Bienne

Organisé en partenariat avec le fOrum culture, le 3e Rendez-vous de l’ORC a ouvert un riche échange autour de l’étude « Parcours des artistes en Suisse romande : Ressources et étapes clés ».

11.12.2025

Quels sont les défis administratifs rencontrés par les artistes romand·es ? Comment être à la fois créateur·ice et parent ? Quelles sont les pistes à explorer pour améliorer les conditions de travail dans le secteur culturel ? Ces questions ont nourri les échanges lors du 3e Rendez-vous de l’ORC, programmé dans le cadre de l’étude «Parcours des artistes en Suisse romande : ressources et étapes clés» (2024). Co-organisé avec le fOrum culture, cet événement a réuni une vingtaine de personnes mardi 9 décembre 2025 à la salle Le Singe, à Bienne.

Au terme de la présentation de l’étude par Catherine Kohler, chargée de recherche à l’ORC, plusieurs intervenant·es ont pris part à la table ronde : Christophe Studer, membre du comité directeur de Sonart et musicien, Fanny Krähenbühl, comédienne et directrice artistique de la Cie La Dalle à Bienne, Jonas Kocher, musicien à Bienne, Lionel Gafner, administrateur de fOrum culture, Mélanie Cornu, déléguée aux affaires francophones et bilingues externe à l’Office de la culture de Berne, Noémie Merçay, présidente du comité de fOrum culture, et Valentin Grosjean, délégué à la culture de la Ville de Bienne. Le public a également contribué à la discussion, nourrie des expériences de chacun·e dans différents domaines artistiques.

Parentalité : changer les mentalités

La discussion a démarré autour de la parentalité. Mélanie Cornu a relevé l’intérêt de mettre cette thématique en lumière. Mais elle ajouté que cet enjeu dépassait le secteur culturel : « Cela impliquerait de repenser la politique sociale, afin que celle-ci prenne davantage en compte les travailleur·euses atypiques. » Fanny Krähenbühl plaide pour que le milieu culturel dans son ensemble change de mentalité autour de ce thème. Pour Noémie Marçay, l’enjeu dépasse la parentalité : « Toute la vie sociale, sentimentale et familiale est impactée par les modalités de travail dans le milieu artistique. » Au niveau des demandes de soutien auprès de la Ville de Bienne, Valentin Grosjean a quant à lui remarqué que les frais inhérents à la parentalité figuraient désormais dans les budgets : « Cette problématique est de plus en plus thématisées dans les demandes que l’on reçoit. »

Toute la vie sociale, sentimentale et familiale est impactée par les modalités de travail dans le milieu artistique.

La suite de l’échange s’est portée sur les défis administratifs rencontrés par les artistes. Valentin Grosjean a souligné que la Ville de Bienne disposait d’un soutien au développement de carrière, « une manière d’éviter la logique de projet et la surcharge administrative qui va avec. » Pour Noémie Marçay, « les enjeux administratifs sont liés à une complexification générale dans la société, qu’il existait des pistes mais pas toujours les ressources pour y répondre. » Jonas Kocher a ensuite fait part de son expérience : « J’ai fait plusieurs fois recours à une coopérative, ça fonctionne bien, mais ça génère aussi beaucoup d’administration. Je fais donc du portage salarial avec mon association. »

Pour Christophe Studer, « des modèles de structures devraient émerger des des différents territoires, car les réalités sont très différentes. » Lui-même a créé le Chèque Culture Emploi, géré par Ton sur Ton, fondation d’utilité publique. « Les besoins identifiés étaient d’une part de consolider les revenus, avec un seul employeur au niveau administratif, et d’autre part d’annualiser les revenus », a-t-il précisé. Il a également rappelé le point de départ de ces enjeux, à savoir la question du statut des artistes en Suisse.

A ce propos, Mélanie Cornu a répondu que « les services de la culture sont démunis ». Mais elle a salué le Message culture de la Confédération, qui tisse un lien entre l’OFC et l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS). Elle a également précisé qu’il était nécessaire de « penser à l’entier de la chaîne des valeurs », c’est-à-dire la création artistique dans son ensemble, et que cela passait notamment par une réflexion sur les dispositifs de soutien.

Jonas Kocher a ensuite signalé les problèmes de coordination entre la Ville de Bienne et le canton de Berne en termes de délais pour les dépôts de dossiers. Il a donné l’exemple d’une création qu’il réalisera fin janvier. « J’ai reçu le soutien de la Ville de Bienne à la mi-novembre et le canton ne donnera réponse que fin janvier. En l’état, je ne peux rien annoncer en termes de rémunération aux dix personnes que j’ai engagées sur ce projet. Je ne connais pas d’autre secteur où de telles pratiques existent. » Mélanie Cornu a répondu que les dossiers devaient passer au Conseil des affaires francophones et que leur analyse demandait du temps. « On ne peut pas faire beaucoup plus court », a-t-elle remarqué. Jonas Kocher a répondu que cela engendrait une énorme précarité. « On ne peut pas être un bon employeur dans ces conditions, et en même temps on nous demande d’être super pros. Il y a un nœud. »

Enjeux de la diffusion

Les échanges se sont poursuivis autour de la diffusion. Pour Fanny Krähenbühl, la diffusion implique des heures de travail peu ou non rémunérées et une grande prise de risque. « Pour chaque spectacle, cela représente un mois de travail, qui pèse sur les compagnies. » Noémie Marçay a ajouté que la problématique existait également dans la musique, en donnant l’exemple de la suppression de plus en plus courante des booking fees. « La diffusion représente un immense problème », a-t-elle martelé, précisant que le fOrum culture avait empoigné le sujet en créant la commission création et diffusion.

Au terme d’une discussion avec le public, la 3e Rencontre de l’ORC s’est poursuivie autour d’un apéritif. L’équipe de l’Observatoire remercie le fOrum culture pour la co-organisation de la soirée, les intervenant·es ainsi que le public pour ce riche moment d’échange. De nouveaux Rendez-vous de l’ORC auront lieu en 2026 autour de l’étude « Culture et loisirs : Enquête sur les activités des Suisses romand·es ».