
La Suisse comptait 300’000 travailleur·euses culturel·les en 2024
L’OFS propose un regard actualisé sur l’économie culturelle en Suisse dans sa publication « La culture comme monde du travail ».
Parallèlement à la mise à jour des chiffres sur les travailleurs culturels (2024), la Statistique de l’économie culturelle de l’OFS sort une publication «La culture comme monde du travail», sur les travailleur·euses culturel·les de 2010 à 2024. Elle couvre aussi les entreprises culturelles pour les années 2011 à 2022. Selon la définition internationale, l’économie culturelle inclut les médias et certaines branches créatives telles que l’architecture, les jeux vidéo ou la publicité. Par la même occasion, la statistique du financement public et privé de la culture a également été mise à jour (2022).
Conditions de travail atypiques
En 2024, on comptait 295’000 travailleur·euses culturel·les en Suisse. Environ un tiers d’entre eux·elles exerçait une profession culturelle dans le secteur culturel (musicienne dans un orchestre, journaliste dans une maison d’édition) et un tiers y exerçait une profession non culturelle (comptable dans un théâtre, secrétaire dans une firme de jeux vidéo). Un dernier tiers était actif dans une profession culturelle en dehors de ce secteur (graphiste dans une banque, architecte dans une administration).
Marqué par la pandémie de COVID-19, qui a vu disparaître un·e travailleur·euse culturel·le sur vingt en l’espace d’un an, le secteur a rebondi avec +3,5% d’actifs·ves en 2023-2024 contre +0,9% dans l’économie totale. Les professions culturelles dans le secteur culturel ont même augmenté de +10,7% en un an et de +38,3% depuis 2010. L’évolution par domaine est cependant inégale avec, en 15 ans, +92,1% d’actifs dans le domaine Patrimoine et musées et -40,5% dans le domaine Livres et presse.
Parmi les travailleur·euses culturel·les, 58,8% avaient un niveau de formation tertiaire, contre 43,8% de tous les actifs·ves. Mais leur salaire annuel brut était moindre (70’000 francs contre 74’100 en 2024). Les temps partiels sont répandus dans la culture, pour 51,9% des travailleur·euses culturel·les et même 61,1% parmi la catégorie Artistes et écrivains (contre 38,4% chez tous les actifs). C’est aussi le cas de la multi-activité : 14,7% des travailleur·euses culturel·les exerçaient deux emplois voire plus (contre 8,0% de tous les actifs). Ces chiffres sont en hausse depuis 2010. Il y a le double d’indépendant·es (27,7%) par rapport à l’ensemble des actifs·ves (14,1%), et même 40,3% d’indépendant·es parmi les professions culturelles dans le secteur culturel.
Femmes plus nombreuses, mais situation plus précaire
L’économie culturelle occupait en 2024 proportionnellement plus de femmes que l’économie totale, mais elles avaient une moins bonne formation, moins souvent une fonction dirigeante et étaient moins bien payées, plus souvent multi-actives et presque deux fois plus souvent à temps partiel que les hommes. Moins fréquents dans la culture que dans l’économie totale, les actifs·ves issus de la migration y sont, eux·elles, mieux formés et plus souvent à plein temps, mais en moyenne un peu moins bien payé·es que leurs collègues sans passé migratoire.
25% d’entreprises culturelles de plus, moins d’emploi
Le secteur culturel est dynamique. Il a généré une valeur ajoutée brute de 16,3 milliards de francs à prix courants en 2022 (ou 2,1% du PIB). C’est plus qu’en 2021 (15,4 milliards) et même qu’en 2019, avant la pandémie (15,6 milliards). Le secteur a par ailleurs atteint un nouveau record de 67’313 entreprises culturelles (2022). On observe une concentration dans les villes et notamment dans la grande région de Zurich, qui regroupe environ un quart des établissements et emplois culturels alors que 18% de la population suisse y habite. Depuis 2011, il y a eu +22,7% d’entreprises culturelles, une augmentation plus forte que dans l’économie totale (+13,4%). La hausse entre 2011 et 2022 a été la plus importante dans les domaines Audiovisuel et multimédia (+54,0%), Arts visuels et design (+45,9%) et Arts du spectacle (+35,8%).
Les nouvelles entreprises étaient plus nombreuses dans la culture en 2022 (9,4% des entreprises) que dans l’économie totale (7,4%), mais elles y ont en général un taux de survie plus bas. Surtout, l’emploi culturel n’a pas connu les mêmes hausses. Depuis 2011, les postes ont crû de +6,0% et les équivalents plein temps (EPT) de +2,0%, contre +14% pour les deux dans l’économie totale. Par conséquent, les entreprises culturelles ont rétréci, avec 4,1 emplois et 2,9 EPT par entreprise en 2011, contre 3,6 et 2,4 en 2022.
Source : communiqué de l’Office fédéral de la statistique